À savoir avant d'identifier des papillons


Cette page présente des conseils pour pouvoir identifier correctement les papillons avec la clé d’identification de ce site, avec l’app Webfauna ou avec le guide d’identification. Cela vaut donc la peine de prendre quelques minutes pour la lire. Vous gagnerez du temps par la suite.

Faire si possible des photos

Il est difficile d’identifier un papillon uniquement sur la base de son souvenir, car il y a des espèces qui se ressemblent beaucoup. Si l’on souhaite assurer une identification une fois l’observation terminée, il est très souvent nécessaire de disposer de photos. Faire des photos présente aussi l’avantage de pouvoir certifier l’observation d’une espèce rare.

Observer le dessus et le dessous du papillon

L’identification des papillons doit souvent se faire à l’aide de critères présents sur le dessus et le dessous des ailes. Certaines espèces ne peuvent pas être identifiées avec certitude sur la base d’une seule face. Par exemple, tous les papillons bleus ci-dessous (azurés) appartiennent à des espèces différentes, qui se distinguent par les motifs du dessous !

Males d'azurés de 24 espèces différentes, montrant que le dessus des ailes des azurés n'est souvent pas suffisant pour une identification !

Différencier les papillons « de jour » et « de nuit »

Contrairement à ce que son nom suggère, lepido.ch ne considère pas toutes les espèces de lépidoptères. Il se limite aux papillons « de jour » ou Rhopalocères (202 espèces observées en Suisse depuis 2000), auxquels ont été ajoutées les 14 espèces de zygènes rouges dont l’écologie est très voisine de celle des Rhopalocères. Ces espèces se distinguent par leurs antennes fines avec un renflement à leur extrémité, leur donnant une forme de massue (photo 1). Des naturalistes nous signalent parfois qu’ils n’arrivent pas à déterminer certaines espèces avec la clé ou le guide. Le plus souvent, il s’agit de papillons « de nuit » ou Hétérocères (3’436 espèces en Suisse). Les antennes de ces espèces peuvent être fines (photo 2), moins fines (photo 3) ou avoir la forme d’un peigne ou d’une plume (photo 4). Dans tous les cas, elles n’ont pas de renflement à leur extrémité.

Forme des antennes des papillons "de jour" (Rhopalocères, à gauche) et des papillons "de nuit" (Hétérocères, à droite).

Même si la plupart des espèces de papillons « de nuit » sont petites et de couleur grise ou brune, il existe certaines espèces qui volent de jour et qui peuvent être très colorées. Si les choix proposés dans cette clé semblent mal s’appliquer à votre papillon, il est possible qu’il s’agisse d’un papillon de nuit.

Exemples de papillons "de nuit" que l'on peut parfois observer de jour : Bombyx versicolore, Panthère, Petit Sphinx de la vigne, Écaille chinée, Écaille fermière, Sphinx du liseron, Hachette et Grand Paon de nuit.

Bien connaître la terminologie

Seuls des termes facilement compréhensibles ont été utilisés sur ce site, de manière à ce que l’information puisse être accessible à tous. La terminologie utilisée est présentée sur les illustrations ci-dessous. Pour pouvoir identifier facilement les papillons, il est nécessaire de bien connaître cette terminologie.

Terminologie utilisée pour les parties des ailes et du corps.

Terminologie utilisée pour la forme (à gauche) et la structure (à droite) des ailes.

Terminologie particulière utilisée pour les azurés (point basal) et pour les mélitées, damiers et fadets (ourlet).

Terminologie utilisée pour les motifs présents sur ou sous les ailes.

Bien interpréter les planches des critères

Des planches des critères sont présentées pour chaque espèce. Elles regroupent de manière synthétique tous les critères d’identification des espèces. Ces planches peuvent être consultées dans les fiches d’espèces ou comparées l’une avec l’autre à l’aide du portail des espèces.

Un dessin avec le corps indique qu’il s’agit du dessus du papillon, tandis qu’un dessin sans corps indique qu’il s’agit du dessous. Certains corps, qui ne figuraient pas sur les illustrations originales, ont été ajoutés sous la forme de silhouettes simplifiées.

Dessin avec corps (à gauche) indiquant qu’il s’agit d’une vue du dessus, et sans corps (à droite) indiquant qu’il s’agit d’une vue du dessous (exemple du Grand Mars changeant Apatura iris).

Pour chaque espèce, les dessus des ailes sont présentés à gauche (d’abord les mâles, puis les femelles), tandis que les dessous des ailes sont à droite.

L'ordre des illustrations est le suivant : dessus du mâle, dessus de la femelle, dessous du mâle, dessous de la femelle.

Les symboles suivants sont utilisés pour indiquer le sexe des individus : (1) mâle, (2) femelle, (3) illustration valable pour un mâle et pour une femelle (très similaires) mais c’est un mâle qui a servi de modèle à l’illustrateur, (4) illustration valable pour un mâle et pour une femelle (très similaires) mais c’est une femelle qui a servi de modèle à l’illustrateur.

Les planches présentent plusieurs critères pour chaque espèce. Pris individuellement, chaque critère n’est le plus souvent pas discriminant, certains critères pouvant se retrouver chez plusieurs espèces. Par contre, la combinaison de ces critères est discriminante. Cela signifie que si le papillon observé répond à tous les critères d’une espèce, il s’agit forcément de cette espèce.

Il est important de lire très rigoureusement les critères car ils contiennent des nuances parfois subtiles. Si un critère ne s’applique qu’au mâle ou qu’à la femelle, cela est mentionné. Sur l’illustration ci-dessous, « femelle : orange » signifie que seule la femelle est orange sur l’aile avant, tandis que « points noirs visibles » signifie que le mâle et la femelle ont des points noirs visibles, même si le critère n’est mentionné que sur le mâle. A noter aussi que les critères mentionnés ne sont valables que pour l’aile indiquée (p.ex. « femelle : brun foncé » n’est valable que sur l’aile arrière). L’utilisation de deux couleurs de trait (rouge et bleu) a été choisie uniquement pour des questions de lisibilité.

Exemple de critères pour le mâle (à gauche) et la femelle (à droite) du Cuivré fuligineux (Lycaena tityrus).

Quand cela est nécessaire pour séparer des espèces proches, les critères morphologiques ont été complétés par d’autres critères comme l’altitude, le biotope ou la distribution géographique de l’espèce.

Dans de rares cas, des individus atypiques ont malheureusement été dessinés par l’illustrateur. Il y a alors des différences entre ce que l’on voit sur l’illustration et les critères mentionnés, qui correspondent aux individus d’apparence habituelle. Il faut donc dans tous les cas se fier au texte. Dans le même esprit, les différences flagrantes entre les illustrations de deux espèces n’étant pas mentionnées comme critères reflètent leur variabilité et ne doivent pas être utilisées comme critères.

La plupart des guides et ouvrages d’identification qui existent sur le marché se contentent de présenter les critères d’identification les plus faciles à utiliser et qui fonctionnent le mieux (en général 2 à 3 critères par espèce). Le présent site veut aller plus loin, et propose plus de critères pour chaque espèce (en moyenne 8 à 10), même si certains de ces critères ne fonctionnent pas pour 100% des individus (critères partiels). Cela a plusieurs avantages :

  • augmenter la probabilité d’identification correcte d’un individu,
  • permettre une identification même en cas d’observation partielle (uniquement le dessus ou le dessous par exemple),
  • mieux tenir compte de la variabilité naturelle des individus en permettant l’identification d’individus relativement atypiques.

Ces critères partiels ont donc été nuancés par des termes tels que « souvent », « en général » ou « rarement » pour indiquer leur fréquence d’apparition.

La relation approximative entre un terme utilisé et la fréquence d’apparition d’un critère est donnée dans le tableau ci-dessous. Ainsi, cela signifie par exemple pour le critère « en général une tache noire ici », qu’entre 80 et 90% des individus suisses de cette espèce ont une tache noire à cet endroit. Les pourcentages indiqués sont basés sur le comptage d’un grand nombre d’individus suisses provenant soit de photos prises sur le terrain soit de collections de musées.

Relation approximative entre les termes utilisés et la fréquence d’apparition des critères.

Prendre en compte la variabilité naturelle, les aberrations et l’usure des ailes

La difficulté principale dans l’identification des papillons est qu’ils ont une variabilité naturelle relativement importante, qu’ils présentent parfois des aberrations ou des degrés d’usure importants (cf. exemples ci-dessous).

Femelle de Moiré variable (Erebia manto) peu marquée.

Femelle de Moiré variable (Erebia manto) avec taches bien marquées.

Mâle d'apparence habituelle d'Azuré bleu céleste (Polyommatus bellargus).

Mâle atypique (cas d'aberration) d'Azuré bleu céleste (Polyommatus bellargus).

Individu de Petite Tortue (Aglais urticae) fraîchement sorti de sa chrysalide.

Individu de Petite Tortue (Aglais urticae) très usé.

Il n’est ainsi pas toujours possible d’identifier avec certitude les individus observés, notamment dans les cas de figure suivants :

  • un individu particulièrement atypique ne correspond pas aux critères décrits puisqu’il est en dehors des variations naturelles considérées;
  • les critères ne sont plus suffisamment visibles sur un individu très usé ayant perdu un grand nombre d’écailles ou une partie de ses ailes;
  • un individu n’est pas suffisamment typique pour être attribué à l’une ou l’autre espèce. Cela arrive chez certains groupes qui présentent une forte variabilité naturelle et/ou dont certaines espèces sont très semblables, par exemple les hespéridés du genre Pyrgus, les piéridés des genres Colias et Leptidea, ou les nacrés du genre Boloria.

Dans tous ces cas, on cherchera à trouver d’autres individus plus typiques ou plus frais sur le même site. Si ce n’est pas possible, on renoncera à signaler l’espèce sur le site.

Compte tenu de ces variations naturelles et du fait que ce site adopte une philosophie de préservation des espèces (c’est-à-dire qu’il préconise de ne pas tuer les individus pour extraire et examiner leurs pièces génitales), on peut considérer que, pour des individus en bon état, la clé d’identification permet une identification correcte d’au moins 90% des individus, et les planches des critères une identification correcte d’environ 98% des individus (toutes espèces confondues).

Se méfier de la variabilité géographique

Lepido.ch considère uniquement les papillons observés en Suisse. La plupart des espèces présentes en Suisse sont également présentes en Europe et parfois au-delà. A part pour les espèces migratrices, les espèces montrent des variations géographiques parfois importantes à grande échelle, pouvant donner lieu à la distinction de sous-espèces. Les variations à l’échelle de la Suisse ont été prises en compte dans ce site mais non au-delà, et les critères d’identification pourront ainsi ne plus s’appliquer correctement déjà dans les pays limitrophes. Comme cas particuliers à mentionner, l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas) ou la Mélitée des linaires (Melitaea deione) sont représentés en Suisse par des sous-espèces uniquement présentes en Suisse ayant des particularités propres, utilisées dans ce site comme critères d’identification.

Utiliser ponctuellement les pièces génitales pour valider une identification

Les pièces génitales sont d’excellents critères d’identification des espèces (parfois les seuls qui permettent de d’identifier avec certitude un individu). Pour la plupart des espèces, l’examen des pièces génitales implique de collecter un spécimen, de le tuer et de le préparer en laboratoire. Il existe toutefois deux groupes pour lesquels les pièces génitales des mâles peuvent être observées sur le terrain sans mettre en danger la vie des individus : les mélitées et les sylvandres. Les mâles de ces espèces, une fois capturés à l’aide d’un filet, sont maintenus entre le pouce et l’index. Une légère pression latérale sur l’abdomen fait alors apparaître les pièces génitales qui peuvent être observées à la loupe ou photographiées à l’aide d’un appareil macro. Chez les mélitées, il faut observer la forme du petit « crochet » (appelé valve) qui est visible. Pour les sylvandres, il faut compter le nombre de bâtonnets noirs qui apparaissent (appelés organes de Jullien). Puisque ce site se limite aux critères d’identification visibles sur le terrain, seules les pièces génitales de ces espèces ont été illustrées.

Légère pression exercée sur l'abdomen à l'aide du pouce et de l'index, faisant sortir les pièces génitales d'un mâle de Mélitée des digitales (Melitaea aurelia).

Dessin des pièces génitales d'un mâle de Mélitée des digitales (Melitaea aurelia) présenté sur la planche des critères de l'espèce.

Légère pression exercée sur l'abdomen à l'aide du pouce et de l'index, faisant sortir les organes de Jullien d'un mâle de Sylvandre helvétique (Hipparchia genava).

Dessin schématique des organes de Jullien d'un mâle de Sylvandre helvétique (Hipparchia genava) présenté sur la planche des critères de l'espèce.

 

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